Bonjour à toutes et tous,
En dévoilant, mardi dernier, au Palais des Congrès de la porte Maillot (sic), le profil de la 99ème édition, que des aficionados aux aguets avaient capté, le lundi 10, suite à un couac informatique sur le site d'A.S.O., Christian Prudhomme s'est vanté "des pourcentages élevés dans tous les massifs, sans doute comme il y en a jamais eu dans l'histoire du Tour". Où se trouvent-elles, ces pentes si raides que certains renonceront à émarger sur la feuille d'inscription à Liège, le samedi 30 juin 2012, et que d'autres se rendront dans la cité wallonne, les jambes flageolantes, après des nuits de cauchemar prémonitoire?
La Planche des Belles Filles (1035 m), l'unique "trouvaille" intéressante à mes yeux (1), une course de côte de 5,9 km à 8,5%, après le transit par deux cols apparemment même pas comptabilisés pour la tunique à pois! En partant plus au sud de Metz, j'aurais dessiné une randonnée vraiment exigeante avec un final corsé de 29 kilomètres incluant la route de Miellin (856 m, 4,2 km à 8,5%, 2ème cat.), puis le col des Chevrères (914 m, 3,5 km à 8,4%, 3ème cat.) avant l'accès à la petite station de Haute-Saône. La variante par Belfahy (840 m, 3,5% à 10,2%) aurait aussi de la gueule.
Entre Belfort et Porrentruy, la côte de Saulcy (931 m, 4,6 km à 8,6 %, portions à 14%), celle de la Caquerelle (827 m, 4,3 km à 7,6 %) et le col de la Croix (779 m, 3,7 km à 9,2 %, rampes à 18%), franchi à 155 hectomètres du terminus dans la commune cosy du Jura helvétique.
Le Grand Colombier (2), abordé à Culoz, avec 17,4 km à 7,1% (18,3 km à 6,9% sur Salite) et des séquences entre 12 et 16%, dont le faîte (1501 m) culmine à 42,5 bornes de Bellegarde-sur-Valserine! Quel gâchis!
Le Granier (1134 m) affiche certes 8,6% en 9,7 km, mais se dresse à...141 bornes d'Annonay-Davézieux. Ridicule, inepte retour dans la Chartreuse!
Le Péguère, auquel la plupart des observateurs collent l'estampille "mur" (1375 m, 9,4 km à 7,9 %, dont les derniers 3,6 à 11,8%), avant de rallier Foix, 39 kilomètres plus loin! En 1973, les coureurs avaient refusé de se coltiner ce col à cause de la descente trop périlleuse. Le dimanche 15 juillet prochain, ils se laisseront couler par un versant un peu plus soft, ce qui rallonge la sauce.
Plusieurs portails (7 sur 7.be, RTBF.be, "L'Alsace"...) détaillent les principales difficultés.
Contrairement à la classification officielle annonçant six étapes de montagne, je ne qualifierais ainsi que trois d'entre elles: Albertville - La Toussuire (3), Pau - Bagnères-de-Luchon et le dispensable trip (4) à destination de Peyragudes, que j'aurais remplacé par une excursion ariégeoise bien épicée, en ajoutant une mini-traversée du Pays Basque. Les deux gros "morceaux" pyrénéens sont d'un classicisme convenu, alors que le grand massif le plus au sud a bien mieux à offrir qu'un double franchissement du col de Peyresourde.
Jaugeant le tracé en fonction de mes critères, je ne souscris pleinement à aucun itinéraire parsemé d'obstacles. La mouture prudhommo-pescheuse, infiniment plus figue que raisin, représente l'antithèse de mes conceptions en la matière. Je préconise un durcissement résolu de la montagne, "compensé" par des unités plus courtes (là, six dépassent 200 kilomètres, sept flirtent avec cette barre) et une restriction substantielle des transferts en voiture, bus ou train. Ceux-ci s'élèveront à 1848,5 kilomètres (huit supérieurs à 120 kilomètres; Besançon - Mâcon: 186 km, Brive-la-Gaillarde - Bonneval: 418 km), soit 53,1% de distance supplémentaire par rapport à celle en selle. Un manque total d'égards pour les concurrents!
Seules quatre villes servent de départ et d'arrivée (ou vice versa). La cité chère à Henri IV est la plus visitée après la capitale. Depuis 2005, elle a figuré sept fois (2012 inclus) au programme. Lors de la parenthèse de 2009, Tarbes avait été sollicitée. Il arrive que les deux villes soient dans le coup ensemble.
Les zigzags entre le 16 et le 19 juillet n'ont ni queue, ni tête. Pour moi, le parcours devrait suivre une progression relativement linéaire. Ces embrouillaminis résultent-ils de la défection inopinée de la Pierre-Saint-Martin?...
Mais peut-être assisterons-nous néanmoins à une épreuve emballante dont la texture ne laisse guère d'espace aux grimpeurs pour une tactique attentiste. Mais où envisager de creuser un écart conséquent? Le Giro d'Italia leur offre un terrain bien plus propice à des attaques décisives. Les sprinters ne se plaindront pas d'un manque d'opportunités et ne risquent pas, sauf accident majeur ou défaillance gravissime, de pâtir des délais d'élimination. Les organisateurs, qui se plastronnent des "nouveautés" dont la majorité est honteusement galvaudée par un placement insensé sur le trajet, ont agencé l'édition de l'été prochain pour des rouleurs à l'aise sur tous les terrains. Le contre-la-montre de 52 kilomètres entre Bonneval et Chartres constitue une preuve indiscutable.
Le véritable "inédit"? Je gage que les commentaires de défiance l'emporteront sur les louanges. Si je décide de m'installer quelques heures devant mon fénestron, ça sera pour admirer les paysages. Je reconnais que les équipes techniques de France Télévisions savent mettre en valeur les patrimoines géographiques et architecturaux de notre pays.
Conviviales salutations depuis l'Alsace,
René HAMM
Bischoffsheim (Bas-Rhin)
(1) Depuis belle lurette sur mes tablettes!
(2) Vive la trilogie Biche (1330 m, 11,5 km à 8,4%)/Grand Colombier (1501 m, 9,2 km à 9,6%)/Mont du Chat (1504 m, 8,3 km à 10,9% par Trouet)!
(3) Dans ces parages, je préfère très nettement les Karellis (1600 m, 13,2 km à 7,7%).
(4) Malgré le Menté (1349 m, 9,3 km à 9,1%) en hors-d'oeuvre.