Des coureurs et un système...10/11/2006 Par FABRICE VOISIN
De Sports.fr
Consulter aussi:Jeudi: Le soigneur pas épargnéAprès cinq jours de débat, on n'aura pas appris grand-chose de nouveau sur le dopage lors du procès Cofidis si ce n'est quelques détails d'une réalité sordide exposée notamment par Philippe Gaumont. L'avocat de l'ancien coureur picard a d'ailleurs profité de la journée consacrée aux plaidoiries de la défense pour insister sur le fait que face à cette réalité, les dirigeants de l'époque de l'équipe française avaient préféré fermer les yeux. Le jugement du tribunal correctionnel de Nanterre a été mis en délibéré au 19 janvier 2007.Philippe Gaumont et son avocat ont mis en cause le système.
Mis à mal jeudi par le ministère public, les instances fédérales et l'équipe Cofidis et ses dirigeants ont encore été vivement rudoyés vendredi lors de l'ultime journée du procès consacrée notamment aux plaidoiries de la défense. L'avocat de Philippe Gaumont a ainsi été particulièrement véhément à l'égard d'un système où l'omerta continue de régner, s'appuyant sur les propos de son client dont la franchise a été particulièrement appréciée des magistrats.
"Le circuit est complètement gangrené par le dopage. Voilà le système que Philippe Gaumont a dénoncé. Et il l'a payé cher", s'est exclamé Me Champagne.
Il ne crache pas dans la soupe, cette soupe, il ne la supporte plus, il la recrache!", a poursuivi le défenseur du coureur picard.
Face à une réalité partout présente dans le peloton, l'avocat s'est demandé comment la FFC aurait pu ignorer le dopage. Mais pour ce qui est de l'équipe Cofidis, faisant référence à une conversation téléphonique explicite entre David Millar et Alain Bondue, le manager de l'équipe de l'époque, Me Champagne n'a aucun doute quant au fait que les dirigeants de la formation nordiste étaient parfaitement au courant.
Pour Me Paul-Albert Iweins, l'avocat de David Millar, le discours est sensiblement le même. Mais c'est l'Ecossais, lui-même, qui a déjà purgé une sanction sportive (deux ans de suspension qui ont pris fin le 24 juin dernier), qui s'est montré le plus clair sur la gravité du fléau tel qu'il l'a vécu.
"Je pense franchement que le vélo a besoin de toucher le fond et de changer pour revenir. Il n'y a pas des complots, il n'y a pas de grand réseau de dopage. C'est comme à ce procès. Il n'y a pas un 'système' de dopage. Et le problème, c'est qu'il n'y a pas un 'système' de prévention du dopage", a-t'il déploré.
David Millar, pour qui ce procès devait permettre de faire le deuil définitif d'une période noire de sa carrière, sort soulagé de cette semaine pénible. L'Ecossais pour qui la relaxe a été demandée peut désormais vraiment commencer une deuxième carrière. Les six autres coureurs, eux, encourent de trois mois à un an de prison avec sursis, ce que le ministère public avait qualifié de
"peines de principe". Peine de principe requise également pour Oleg Kozlitine (3 à 6 mois avec sursis) alors que pharmacien Pierre Ben Yamin risque six à douze mois d'emprisonnement et 3000 euros d'amende et que "Bob" Madejak est sous la menace d'un an de prison dont quatre à six mois ferme.
Le jugement a été mis en délibéré au 19 janvier 2007.