Bjarne Riis n'a pas le choix. S'il ne veut pas se retrouver un jour sans son sponsor fétiche, le manager danois est dans l'obligation de prendre le taureau par les cornes concernant la lutte antidopage. Après avoir géré tant bien que mal le cas Basso, suspendu à la veille du Tour de France quand son nom s'est retrouvé cité dans le cadre de l'opération Puerto, puis blanchi dans l'attente des conclusions de l'instruction en Espagne avant de résilier son contrat il y a quelques semaines et de rejoindre finalement les Américains de Discovery Channel, le vainqueur du Tour 1996, échaudé, se retrouve aujourd'hui conduit à mener dans son équipe une politique exemplaire dont les détails ont été révélés par La Gazzetta dello Sport.
CSC, le sponsor américain de la formation danoise, a décidé de mettre les moyens nécessaires, débloquant un budget annuel de 500 000 euros pour la mise en place de son ambitieux programme. Bjarne Riis s'est ainsi adjoint les services d'un spécialiste danois du dopage, le Dr Rasmus Damsgaard, lequel sera assisté de quatre scientifiques indépendants basés à Copenhague. Cette équipe sera chargée de la surveillance physiologique des coureurs de l'équipe. Un véritable "monitoring" quasiment au jour le jour qui prévoit pas moins de 800 contrôles hors-compétition. Ceux-ci démarreront dès décembre prochain.
Des contrôles qui devront traquer la moindre trace d'EPO, d'hormone de croissance ou encore de transfusion sanguine. En revanche, information importante dans le débat actuel, ce programme antidopage drastique ne prévoit pas de prélèvements d'ADN, le Dr Damsgaard considérant que cela n'était pas utile dans la lutte antidopage mais seulement dans le cadre d'une investigation comme celle concernant l'affaire Puerto.
Les résultats des contrôles réalisés seront mis à la disposition, sur demande, de l'UCI et de l'Agence mondiale antidopage et une synthèse sera communiquée à la presse à l'issue de la saison 2007. Les coureurs de l'équipe ont été informés de la mise en place de ce programme par e-mail et se feront expliquer les détails lors du premier stage de pré-saison, en Afrique du Sud, début décembre.
"Je ne suis pas inquiet, a declaré Bjarne Riis à La Gazzetta, Je fais confiance aux garçons de l'équipe. Multiplier les contrôles est la seule façon de démontrer que nous sommes propres. Même en faisant ça, je suis certain que nous continuerons à gagner. Nous devons restaurer la crédibilité du cyclisme. Nous avons fait beaucoup d'erreurs par le passé et nous ne voulons pas que cela se reproduise", a poursuivi l'ancien champion danois. C'est effectivement par ce type de politique que passe sans doute l'avenir du cyclisme...